Depuis le 8 février dernier et jusqu’au 26 juillet 2025, le MAIF Social Club ouvre une brèche cosmique dans le cœur du 3e arrondissement avec sa nouvelle exposition : Chaosmos – Atterrir, s’enraciner.
Un voyage sensoriel entre art contemporain, performances vivantes et ateliers, pour explorer les liens entre le ciel et la terre, entre le chaos et l’harmonie.
Depuis toujours, Jeanne Macaigne dessine des mondes luxuriants, farfelus, peuplés de créatures hybrides, de plantes bavardes et de forêts intimes. Elle sait comme personne faire pousser l’imaginaire dans les interstices du réel. Alors quand le MAIF Social Club lui propose d’imaginer le livret jeunesse de l’exposition Chaosmos, c’est une évidence : son univers est déjà un cosmos en soi.
Sous ses crayons, le désordre devient poétique, et l’enracinement une aventure sensorielle. Elle offre aux plus jeunes une porte d’entrée onirique pour questionner ce drôle d’équilibre entre le chaos et l’harmonie. Avec humour et douceur, ses illustrations racontent que dans le chaos, il y a aussi de la beauté. Et que parfois, pour mieux comprendre le monde, il suffit de le réinventer.
Bonjour Jeanne, peux-tu te présenter pour les personnes qui ne te connaissent pas ?
Après des études aux Arts décoratifs de Paris, je travaille régulièrement pour la presse, notamment pour la Revue XXI, Alternatives Économiques, Libération et Le Temps. Je suis également affichiste pour des lieux et événements culturels (Palais de Tokyo, CNL, ABF etc.). Je suis autrice et dessinatrice de plusieurs livres : « L’Hiver d’Isabelle », « Les Coiffeurs des étoiles », « Un Drôle de Lundi », ou encore « Changer d’air » qui a reçu la Pépite internationale du meilleur album en 2022. Mon album « Alf et Orel » vient de paraître aux éditions Cambourakis. Il évoque notre rapport au monde et aux autres. Du plus secret recoin de la plus secrète forêt, l’histoire avance en une survivance de l’enfance, de l’amitié, de la nature et de l’humanité.
Ton travail est très souvent axé autour du vivant. Comment le thème Chaosmos a-t-il résonné en toi ?
Mes livres posent la question de la coexistence et du partage des mondes, de notre relation à l’autre, de la richesse de la nature et sa musique inattendue, de la circulation des individus, des pertes et des naissances, du renouveau de l’espoir. L’idée d’une écologie poétique et de la recherche d’un équilibre entre le Chaos et l’Osmose traversent mon travail. Toutes les pièces présentées par Chaosmos, était animées par la manière dont nous habitons le monde.
Quels sont tes outils et techniques de prédilection ?
Je dessine à l’encre de chine à la plume. Un outil très souple qui donne l’impression de glisser sur le papier et facilite souvent l’émergence des idées. L’aquarelle est une matière mouvante qu’il faut apprivoiser peu à peu, c’est une matière fluctuante. Elle est à la fois fluide et s’imprime très vite. C’est une danse. J’ai une prédilection pour les mélanges de techniques pour exprimer au plus près une émotion. Le numérique intervient aussi dans mes dessins, comme un outil ami qui me permet de recommencer mille strates d’un dessin. Récemment dans une série à la gouache et à l’encre, j’ai abordé de nouveaux rivages. De nouvelles îles d’apprentissage se dessinent, c’est à la fois déroutant et très exaltant.
Dans la couverture du livret jeux que tu as illustré pour l’exposition Chaosmos, les être humains, les animaux et les astres sont représentés au même plan, marchant tous ensemble dans la même direction. C’est donc ça le vivre ensemble ?
Sur ce dessin, j’ai voulu dessiner une grand fête cosmique à laquelle tout le monde est convié. C’est un instant suspendu, où chacun savoure le fait d’être ensemble, de porter haut ses couleurs, dans une nuit infinie. Comme des êtres terrestres, unis les uns aux autres, sur une planète unique.
Comment as-tu pensé le livret jeux pour que les différentes thématiques de l’exposition soient appréhendées par les enfants ?
Chaque jeu a été inventé par le MAIF social club. En dessin, j’ai tenter d’aborder chaque thème avec un regard poétique, celui du conte et avec l’intention de mettre en avant les liens invisibles qui se tissent entre la Terre et le Cosmos à travers l’exposition.
Quel est le rôle de l’illustration selon toi dans la préservation du vivant ?
Vaste question. L’illustration est le témoin de notre époque dont on essaie de fixer les instants par des formes et des couleurs, d’ouvrir des portes d’accès à la beauté du présent. En tentant de représenter le vivant, ses merveilles innombrables, on crée une place de conversation entre toutes les générations. Ainsi, le dessin, langage universel accessible rapidement, peut être un outil engagé très puissant dans nos sociétés mouvantes. Une manière de communiquer et de réfléchir sur les mondes qui nous entourent.
