Le Hellfest, qui se déroulera du 17 au 19 juin 2016 à Clisson, revient pour une onzième édition. Une petite visite guidée est de mise.
Plébiscité par les artistes, le public et les journaux spécialisés, le célèbre festival de musiques extrêmes et saturées revient cette année pour une onzième mouture – déjà ! Contre vents et marées, le Hellfest résiste et s’impose progressivement comme LE festival français de la belle saison, malgré des « menaces » récurrentes, du changement de site des jeunes années à l’arrivée d’une féroce concurrence francilienne imposée par le Download – le pendant au festival anglais du même nom, chapeauté par la grosse machinerie de Live Nation – en passant par la suppression de la subvention de 20.000€ du Conseil Régional des Pays-de-la-Loire, passé sous bastion Républicains et qui n’attendait qu’une opportunité pour se désengager. Ces aléas semblent au contraire renforcer l’équipe et son organisation, comme en attestent ses premières places récurrentes dans les classements des meilleurs festivals.
Pour cela, il peut compter sur un public fidèle, se déplaçant en masse, et loyal de surcroît – un trait propre et plus poussé que parmi n’importe quelle autre « communauté » musicale. Une fédération de « marginaux » et d’anticonformistes qui pèse lourd, qui continue d’acheter des albums et de se rendre aux concerts, permettant la survie d’un genre, lui-même subdivisé en sous-catégories qui se rassemblent toutes sous un même étendard le temps d’un weekend, pour le plus grand plaisir des habitants et des industries locales qui surent tirer profit d’un événement mettant à mal les représentations traditionnelles. Il est vrai que, si l’on se fiait aux divers reportages caricaturaux réalisés sur les rapports entre le Hellfest et son voisinage temporaire, l’on pourrait se dire que la création d’une cohabitation où la bienséance et le respect priment est délicate. Une horde de sauvages qui se torche sur un bruit bien trop puissant pour être audible, faisant l’apologie de tout ce que ce bas monde compte de néfaste, vient troubler la douce quiétude de ces belles campagnes un brin traditionalistes comme seul Jean-Pierre Pernaut, Christine Boutin et leurs cliques respectives peuvent encore les fantasmer. Un « choc des civilisations », chacune faisant vivre l’enfer à l’autre…
L’autre richesse du Hellfest, inhérente aux multiples sous-groupes du Metal présents, est la programmation éclectique et pointue, où anciennes gloires frayent avec jeunes pousses. Désolé pour le manque de style, mais c’est ici que se créé un « problème de riche » : sur cinq scènes différentes, quel groupe privilégier ? Une fois le précieux sésame acquis, une gageure face à la demande accrue chaque année, il s’agit de LA problématique préférée des publics à l’annonce du line-up, qui, fait assez rare pour être souligné, intervient relativement longtemps après la mise en vente des places (les Siestes Électroniques de Toulouse, dans des proportions moindres, applique la même politique, autre preuve de la confiance des habitués et de la légitimité acquise). Que faire quand deux groupes qui ornaient les murs de votre chambre d’adolescent ou squattent vos esgourdes dans les transports en commun passent simultanément ?
Alors que les hostilités commencent vendredi dès 10h30, difficile pour le quidam de savoir à quelle heure arriver : la veille pour ne rien rater et s’arnacher aux barrières des scènes principales, le jour J en mi-journée si le patron est assez compréhensif quant à vos vos velléités musicales (tout en vous octroyant un autre RTT pour le lundi), en soirée si les bouchons inéluctables sur la route/les gares/le camping/le bar vous empêchent d’arriver plus tôt, ou encore si la boîte de transmission de cette bonne vieille R21 veut bien vous laisser en paix durant les 500 prochains kilomètres ?
Kiblind vous aide à y voir plus clair, en toute subjectivité et exhaustivité bien évidemment, afin de composer votre programme pour trois jours de jovialité et d’acouphènes. Un conseil néanmoins : échauffez vous, le grand écart musical risque de faire siffler vos adducteurs !
LE POURQUOI DU COMMENT :
KVELERTAK
Vendredi 17 juin – Warzone – 18.35>19.25
La Norvège nous attire, indubitablement. Et si nous n’avons rien contre l’idée de nous grimer de maquillage, de cuir, et de clous, voire de cramer deux-trois églises au passage, nous désirons nous laisser le temps d’arriver, dans nos habits quotidiens, et siroter une douce pinte avant de commencer la bagarre. Entre Rock, Punk et Black, Kvelertak offre la bande-son idoine pour ce faire.
MELVINS
Vendredi 17 juin – Valley – 19.30>20.25
Pas de bras, pas de chocolat ! Dans la même veine, pas de Melvins, pas de scène Rock à Seattle, et pas de scène Sludge à la Nouvelle-Orléans. Ce serait quand même foutrement dommage. Hommage donc à l’une des formations les plus influentes de la fin du siècle passé, et dont aucun album ne ressemble à l’autre. Et rien que pour la plaisir de voir la touffe de Buzz Osborne s’agiter sur scène !
HATEBREED
Vendredi 17 juin – Main stage 2 – 19.40>20:40
Si les darons de l’état de Washington vous laissent de marbre, vous pouvez toujours tenter de frayer avec les fans de Hatebreed. Devenu assez rapidement le porte-étendard de la scène Hardcore, le groupe revient avec un nouvel album, The Concrete Confessional (sorti le 13 mai), et l’envie d’en découdre. Plaisir !
MAGMA
Vendredi 17 juin – Valley – 21.35>22.35
Pour ceux qui aiment ne rien comprendre et ceux qui captent tout, ceux qui se sont toujours tâtés entre le Jazz et le Rock, ceux qui hésitent entre le Conservatoire et la MJC du coin, ceux qui doutent entre le LSD et la bière… et tous ceux convaincus d’une chose : les morceaux de dix minutes sont bien trop courts, quand même !
KILLSWITCH ENGAGE
Vendredi 17 juin – Warzone – 22.40>23.40
Ce n’est pas que l’on soit fan de Metalcore, et donc a fortiori de KSE, mais force est de constater que parmi toutes les trouvailles NWOAHM que les labels s’efforçaient de nous pondre durant les années 2000, il n’en reste plus qu’un. Les lascars reviennent avec un nouvel opus, Incarnate. Revoir la bouille de Jesse Leach parmi ses comparses et attester de la présence scénique de Adam Dutkiewicz sont autant d’éléments qui nous réjouissent.
RAMMSTEIN
Vendredi 17 juin – Main Stage 1 – 23.10>00.40
On aura beau dire, hein !… Les français et les allemands, c’est quand même pas l’amour fou ! Une raison historique à tout ceci. Évidemment : Séville 1982 ! Schumacher emplâtre Battiston. Depuis, on a un peu de mal, on va pas se le cacher… Les poids lourds du Metal teuton, Rammstein, vont tenter d’enterrer la hache de guerre à coups de gros sons indus’ et de pyrotechnie. On leur pardonnera, un peu, jusqu’à ce que Neuer décapite Griezmann en demi-finale de l’Euro et s’en tire avec un six mètres…
TORCHE
Samedi 18 juin – Valley – 15.50>16.40
Les amoureux de Stoner trouveront leur compte avec le groupe floridien Torche : beaucoup de lourdeur dans les riffs, une rythmique puissante, des chants clairs et des refrains aux accents Pop pour tirer par la manche les plus récalcitrants, le tout mâtiné d’une grosse énergie. La baffe musicale attend au tournant les profanes qui s’approchent de la scène sans savoir où ils mettent les pieds.
GUTTERDÄMMERUNG
Samedi 18 juin – Warzone – 01.00>02.00
C’est l’histoire d’une folie : l’esprit de l’artiste Bjön Tagemose mêla scène, film et culture Rock, pour accoucher d’un opéra Rock qui accueille Iggy Pop, Lemmy Kilmister, Josh Homme, Tom Araya… le tout porté par un groupe live et un maître de cérémonie : Henry FUCKING Rollins ! Ce dernier constitue de toute façon une raison suffisante pour veiller tard et venir jeter un œil ! Henry FUCKING Rollins !!!
FALLUJAH
Dimanche 19 juin – Altar – 12.50>13.30
Tard couché, tôt levé… Troisième jour de festival. Il ne reste qu’une boîte de pilchards et deux canettes tièdes dans la voiture en guise de mise en train. Ça va être dur de sortir de la torpeur… Les cinq membres de Fallujah sont prêts à relever le défi, entre mélodies raffinées et brutalité. Le petit déjeuner des champions !
GOJIRA
Dimanche 19 juin – Main Stage 1 – 16.45>17.35
Selon l’adage populaire, nul n’est prophète en son pays. Un constat que personne ne partagera au Hellfest, tant le groupe est attendu comme le Messie. En effet, Gojira porte haut les couleurs tricolores sur la scène musicale internationale, rendant la communauté hexagonale plutôt fière de ses rejetons (le chauvinisme étant pourtant un défaut que l’on ne peut franchement pas associer à ce public). Et comme la vie est décidément bien foutue, le quartet jouera deux jours après la sortie du très attendu Magma, leur nouvel album.
SLAYER
Dimanche 19 juin – Main Stage 1 – 20.45>22.00
Mener une carrière de 35 ans basée sur la violence. Être constant. Ne pas réinventer la roue. Être la roue. Être connu de tous – y compris de ceux qui n’ont jamais écouté un seul titre. Être craint. Et respecté. Survivre à la mort de son compositeur principal. Et au départ de son batteur. Sortir un bordel d’album, quand tous craignaient la fin. Tabasser, toujours. Être Slayer.
BLACK SABBATH
Dimanche 19 juin – Main Stage 1 – 23.10>00.40
Les inventeurs du Metal, les Papes du Heavy… On manque d’adjectifs qualificatifs devant ces anglais qui sont les papas de tous les artistes présents sur cette affiches du Hellfest. Alors il convient juste de les remercier… et de leur dire au-revoir pour leur dernier concert en France…
PUSCIFER
Dimanche 19 juin – Valley – 23.40>00.40
Maynard James Keenan joue avec nos nerfs. On scrute tous désespérément, désirant voir poindre une quelconque bonne nouvelle de Tool. D’aucuns seraient même prêts à se contenter d’un autre album de Perfect Circle (et ils auraient raison). Mais l’horizon demeure plat. Le sieur Keenan a pitié de nous et nous offre un concert de Puscifer, énième projet ô combien créatif, pour prendre notre mal en patience.
DEICIDE
Dimanche 19 juin – Temple – 00.45>01.45
Dans les jeunes années du site internet de Kiblind, nous vous disions à quel point nous étions férus de littérature russe et de Death. Si vous aviez raté cette opportunité au Ninkasi Kao à l’époque, Deicide sera de passage à Clisson. Ne vous restera plus qu’à vous torcher l’histoire de la fratrie Karamazov et vous pourrez alors dire que vous avez réussi votre vie.